Memphis Le Crossroad Musical
Memphis a toujours eu le complexe de son empreinte dans le domaine musical. Ces empreintes essentielles ont été écrites par le petit peuple et non pas par l’élite de la ville qui s’est plus évertuée à la dénigrer qu’à l’apprécier.
Le crossroad est ce carrefour mythique d’où l’on revient chargé d’un pouvoir musical surnaturel. Un pacte avec le diable dont on ne ressort pas indemne.
Beale Street, quartier de Memphis où la communauté afro américaine a su développer ses talents, mais aussi son état d’esprit. Des bars où l’on joue, boit du whisky frelaté en pleine prohibition de l’alcool. Les étages où se monnaient les charmes de prostituées, guitaristes et chanteuses. Quartier qui donne naissance au Blues avec le "Memphis Blues" signés WC Handy. Titre composé spécialement à l’attention d’un postulant futur maire de la ville qui a pour volonté d’éradiquer ce quartier malfamé.
Le disquaire "Home of the blues record shop" de Ruben Cherry est un lieu très fréquenté. Sa sélection de tous les 78 tours de blues sortis, du plus gros standard au plus obscur enregistrement s’y trouvent. Les clients noirs et la jeunesse blanche viennent régulièrement y faire un tour. Presley et Cash sont les bambins qui passeront des jours entiers à écouter les mélodies que diffusent le disquaire farceur. Leur intérêt pour le Rythm Blues ne cessera de croitre.
L’émergence de la première station constitue une nouvelle étape. La WDIA a son histoire, station montée par deux hommes d’affaire blancs qui avaient pour volonté de diffuser de la country. N’ayant pas trouvé l’écho à leurs espérances, ils proposent à des blues men de Memphis dont le jeune BB King d’animer la station et de programmer une sélection musicale pour afro américains.
Le résultat est saisissant, les auditeurs et les annonceurs arrivent en masses. La station devient la première radio afro américaine, son relai avec son antenne de 50 000 Watts permettra à tout le Mid South d’apprécier la qualité des programmes.
Ces nouveaux auditeurs s’abreuvent des mélodies et des sonorités qui donneront vie à un nouveau style musical : Le Rockabilly.
L’étape suivante dans l’éclosion des stars musicales Made In Memphis est la création du studio d’enregistrement et du label "Sun Reccord". Sam Philipps décide d’investir dans du matériel d’enregistrment et propose ses services à toute personne qui souhaite graver ses dons musicaux sur 78 tours. Elvis Presley, Johnny Cash, Jerry Lee Lewis, Roy Orbinson passeront dans ces studios et signeront leurs premiers enregistrements chez Sun.
Les artistes ont du succès et bientôt, alléchés par les gros contrats, déserteront Beal Street pour la Californie, New York où RCA et les grosses maisons de production ont leurs bureaux.
Sun Reccord va lentement sombrer dans la faillite.
Du Blues, nous passions au Rythm and Blues avec une section rythmique qui va, grâce à la mixité raciale offrir à la musique un son nouveau qui va éclore dans un ancien cinéma des quartiers de Memphis. Le Capitol Theater a troqué ses sièges de spectateurs et sa salle de projection pour un studio d’enregistrement. Les murs et les fenétres ont été recouverts d’un tissu cousu par Estelle AXton qui croit dur comme fer au projet de son frère : Jim STewart.
A eux deux, ils vont créer la révolution STAX. Un label qui abritera sous son claquement de doigt le légendaire Ottis Redding, le charismatique Isaac Hayes. Un son unique et reconnaissable dés les premières notes que distillent les hauts parleurs. Ce son qui s’explique par cette salle de projection reconvertie et qui par son inclinaison va être la signature de STAX. Otis Redding va écrire la première partie de l’histoire du label. Une histoire qui en ces temps de ségrégation prononcé prônera la mixité raciale des musiciens. Mais tout tourne mal en 1968. Redding décède lors d’un crash aérien, et Martin Luther King sera abattu en plein Memphis, ville qui incarnait son rêve et sa vision américaine. La deuxième partie de l’histoire du label sera écrite par Isaac Hayes. Ce dernier surfera sur le Black Power et recevra un Oscar pour l’illustration sonore du très symbolique "Shaft".
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